L’empereur céleste, l’Auguste de Jade avait sept filles. L’une d’elle, Tche-Niu, était particulièrement resplendissante, intelligente, souriante, éclatante et encore plein d’adjectifs élogieux se terminant par -ante ! Tche-Niu était également la tisseuse du ciel, et un beau jour d’été, Tche-Niu et ses six soeurs descendirent sur Terre pour aller se rafraîchir dans la rivière. Un bouvier qui travaillait au champ d’à-côté entendit les rires et les chants des femmes et s’approcha doucement. En voyant Tche-Niu, il tomba fou amoureux, mais, incapable d’aborder une femme, il ne savait pas quoi faire !
Alors il se décida à demander conseil à sa vache non loin de là :
“Que puis-je faire pour me marier avec elle ?”, lui demanda-t-il. Sa vache lui répondit :
“Écoute mon gars ! Ce genre d’affaire c’est très simple, pendant qu’elle se baigne tu lui piques ses vêtements pour les jeter au fond d’un puits. Sans sa robe, elle ne pourra plus remonter au ciel, et si tu la voies dans le plus simple appareil, elle sera obligée de t’épouser, hé !”
Le bouvier, sans se soucier des problèmes moraux et légaux que cela pouvait poser, mit en oeuvre le stratagème de la vache. À la fin de la journée, la tisseuse chercha ses vêtements alors que ses soeurs remontaient dans la demeure céleste familiale, mais fut incapable de les trouver ! Le bouvier apparut alors, et la tisseuse, qui par un heureux hasard s’ennuyait à mourir en compagnie des astres du ciel et désirait vivre un amour terrestre, épousa le bouvier. Le couple se maria alors et eut un garçon et une fille. Les années passèrent et la tisseuse voulut revoir son bien-aimé papa, l’empereur du ciel, l’Auguste de Jade, car il lui manquait affreusement. Elle demanda alors de but en blanc et tout de go au bouvier les vêtements qu’il avait caché le jour de la baignade, sans lesquels elle ne pouvait remonter vers le ciel. L’homme, sans méfiance, les lui rendit et la tisseuse s’envole aussitôt vers le ciel !
L’empereur du ciel, trop content de récupérer sa fille, la priva de dessert et de sortie et l’enferma à double tour afin qu’elle ne s’échappa point. Le bouvier était alors en panique : il ne pouvait perdre sa tendre et chère épouse ! Alors, comme il le faisait toujours dans les moments de désarroi, il alla voir sa vache et lui demanda que faire nom de nom !
Celle-ci lui répondit :
“Écoute mon gars ! C’est un bol inouï pour toi parce que justement, j’étais en train de mourir là ! Accroche toi donc à ma queue et tu t’envoleras avec moi vers le ciel !”
Bizarrement, ce fut encore un bon conseil et le bouvier put retrouver sa femme. Mais l’Auguste de Jade, en colère comme jamais, sépara les deux époux par un fleuve tumultueux qu’on appelle Tien-Ho en Chine, mais que nous, en Occident, nous appelons la Voie lactée. Les chinoises et les chinois peuvent alors, pendant les nuits au ciel dégagé, scruter le ciel et voir que Tche-Niu, que nous appelons l’étoile Véga, et le bouvier, que nous appelons l’étoile Altaïr, sont séparés par ce fleuve d’étoiles.
Les deux époux ne peuvent se retrouver qu’une seule fois par an : le septième jour du septième mois, quand les pies construisent un pont pour qu’ils puissent franchir la rivière.