La science est parsemée de collaborations, de discussions fructueuses et amicales entre scientifiques d’horizons différents, qui avancent vers une direction commune. Mais parfois elle est entâchée de correspondances plus froides, voire de disputes.
La relation entre Hooke et Newton témoigne de ce genre de dispute.
Lorsque Hooke souhaite correspondre avec Newton en 1679, il y a déjà un passif entre les deux hommes, qui se sont écharpés sur la théorie de la lumière proposée par Newton, 7 ans plus tôt.
Mais en 1679, les relations se sont apaisées et Newton répond cordialement à la demande de Hooke, tout aussi cordiale, sur la nature de la force de gravitation entre 2 corps. Il faut savoir que cela fait plus de dix ans que Hooke a des idées très intéressantes sur la nature de la gravitation, des idées qui ressemblent beaucoup aux conceptions que l’on a actuellement. Cependant, Hooke est un très bon expérimentateur et interprétateur physique mais un mauvais mathématicien, et il a besoin de l’aide de Newton lorsqu’il lui écrit en 1679. Mais si Newton lui répond courtoisement, il se lasse rapidement, peut-être vexé car Hooke semble avoir une vision plus claire que lui sur ce problème. Finalement, Newton ne répond plus en 1680.
En 1684, lorsque Halley lui demande ce que ses travaux sur la gravitation doivent à Hooke, Newton envoie plusieurs lettres expliquant que Hooke n’a aucun crédit à réclamer. Il commence sa première lettre par le passage suivant :
« Je vous remercie [mr. Halley] de ce que vous écrivez sur Mr Hooke, car j’aimerais qu’il n’y ait aucun malentendu entre nous : dans les papiers que vous mentionnez, il n’y aucune proposition qu’il peut prétendre être sienne, et je n’avais donc aucune raison de le mentionner. »
Pour terminer voici quelques extraits de sa dernière lettre, encore plus sévère, et qui ne laisse aucun doute sur l’animosité de Newton envers Hooke, qui aura eu malgré tout un apport certain dans la théorie de la gravitation :
« Pour résumer, tout cela montre bien que j’ai compris avant Mr Hooke ce sur quoi il prétend être mon maître et je n’ai ainsi rien appris de ses lettres, (…) En ce qui concerne tout le reste, je me plaindrais plutôt de ses corrections et de ses remarques. (…) je ne lui suis redevable d’aucune avancée dans la compréhension du problème, mais seulement de m’avoir détourné de mes autres sujets d ‘étude pour réfléchir à ces sujets-là et du ton péremptoire qu’il emploie dans ses écrits comme s’il avait lui même trouvé les trajectoires en ellipse, me conduisant à vérifier ces hypothèses après avoir trouvé par quelles méthodes cela devait être fait. »