Newton, ses pommes et ses péchés

Un homme et une révolution

La révolution scientifique d’un homme

 

Quand Isaac Newton naît en Angleterre en 1642-1643, la révolution scientifique du XVIIème siècle a déjà commencé avec Copernic, Galilée, Kepler et d’autres. Elle atteindra son paroxysme avec les écrits d’Isaac Newton, scientifique anglais qui aura su faire germer les plus belles idées dans un terreau déjà formé.

Newton veut comprendre le monde, et les règles qui le régissent. Travailleur et perfectionniste, il se consacre entièrement aux sujets qui l’intéresse, que ce soit les mathématiques, la mécanique, l’optique, l’alchimie ou la religion.

Il fait avancer l’humanité à bonds de géants chaque fois qu’il s’intéresse à un sujet scientifique. Son travail est impossible à résumer ; c’est celui d’un homme avide de comprendre les rouages de la nature dans ses moindres détails.

Si Newton a tant apporté au monde, c’est qu’il a su utiliser les travaux de ses prédécesseurs et ceux de ses contemporains. Un génie n’est jamais seul !

Isaac, introverti et irascible

Nous sommes dans un couloir de l’université de Cambridge en 1663. Beaucoup d’étudiants parlent, rient. Il y en a un qui est à l’écart, qui ne dit rien. C’est Isaac. Depuis sa toute petite enfance, Isaac Newton est solitaire, en marge de ses contemporains. Il est souvent silencieux, parfois en proie à de violentes colères.

Adulte, ses nuits sans sommeil, ses jours sans repas, et ses expérimentations alchimiques avec des éléments toxiques participent sans doute à ses accès de folie ou à ses crises de paranoïa aiguës. La pression de la célébrité, que sa personnalité introvertie supporte mal, ainsi que ses querelles récurrentes avec ses contemporains scientifiques le font publier ses recherches plusieurs années après les avoir écrites.

Pourtant, malgré son caractère solitaire et asocial, il aura correspondu avec beaucoup de scientifiques et aura forgé ses théories à l’aide des résultats de ses contemporains et prédécesseurs.

Les péchés d’Isaac

Newton a beaucoup écrit au cours de sa vie. Des sciences, beaucoup de théologie, et aussi des cahiers avec parfois des fragments plus personnels. Extrêmement pieux, il a mis sur papier des confessions avec un langage codé à l’âge de 19 ans, que nous avons pu retrouver dans un de ses carnets.

 En voici quelques unes choisies, où il s’adresse à Dieu :

 

J’ai mangé une pomme en Ta demeure

J’ai fabriqué un piège à souris un Dimanche

J’ai écouté et prononcé des sermons avec négligence

J’ai menacé mon père et ma mère Smith de les brûler eux et leur maison

J’ai souhaité la mort et l’ai espérée pour quelques personnes

J’ai eu des pensées, des mots, des actes et des rêves impurs

Je me suis disputé avec les domestiques

J’ai frappé ma sœur

J’ai craint l’homme plus que Toi

Je me suis battu avec Arthur Storer

Péché de gourmandise

Péché de gourmandise

Une controverse scientifique

Newton est considéré comme le père de la formule qui quantifie la force de gravitation entre deux corps. L’intensité de cette force est proportionnelle à l’inverse de la distance au carré entre les deux corps. C’est une manière un peu compliquée de dire que si la distance entre les corps double, la valeur de cette force est divisée par quatre.

Cette proportionnalité entre l’intensité de la force et l’inverse de la distance au carré, l’éminent scientifique Robert Hooke en réclame aussi la paternité. Ceci rend Newton furieux, et il aura jusqu’à sa mort une véritable détestation pour Robert Hooke.

Encore aujourd’hui, il est difficile de savoir si Newton a bel et bien utilisé les résultats et remarques de Hooke ou s’il a trouvé cette formule tout seul !

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A propos d’Isaac Newton :

Il y a énormément de livres, films, et sites internet sur Isaac Newton. Il serait illusoire d’en donner une liste exhaustive, voici seulement quelques sources :

  • La référence biographique sur Isaac Newton : The Life of Isaac Newton, de Richard Westfall. Le livre existe aussi en français !
  • Sur la dispute entre Hooke et lui, une conférence de Jean-Pierre Romagnan  et une version écrite de cette même conférence.
  • Et enfin, sur son activité en tant que maître de la monnaie, une histoire romancée où Isaac Newton fait condamner le faussaire Willian Chaloner uniquement en anglais, écrite par Thomas Levenson : Newton and the Counterfeiter .
  • Sans oublier l’oeuvre même d’Isaac Newton, traduite en français dès le XVIIIème siècle par Emilie du Châtelet, disponible ici.

A propos des confessions de Newton :

  • Il y en a 57 en tout, retrouvées codées dans un carnet d’Isaac Newton, qui ne sont pas toutes traduites en français : voici une page en anglais qui les recense toutes.
  • Un article sur le site de l’astrophysicien Jean-Pierre Luminet.
Notes et références
La peinture figurant Newton et ses grandes avancées scientifiques sont l’oeuvre de l’artiste Jean-Léon Huens.

Nous utilisons dans l’audio nos propres traductions de lettres de correspondances de Newton, dont l’intégralité peut être retrouvée en anglais dans The Correspondence of Isaac Newton Volume 2. 1676-1687, édité par H. W. Turnball.

Voici le texte de l’audio :

 

La science est parsemée de collaborations, de discussions fructueuses et amicales entre scientifiques d’horizons différents, qui avancent vers une direction commune. Mais parfois elle est entâchée de correspondances plus froides, voire de disputes.

La relation entre Hooke et Newton témoigne de ce genre de dispute.

Lorsque Hooke souhaite correspondre avec Newton en 1679, il y a déjà un passif entre les deux hommes, qui se sont écharpés sur la théorie de la lumière proposée par Newton, 7 ans plus tôt.

Mais en 1679, les relations se sont apaisées et Newton répond cordialement à la demande de Hooke, tout aussi cordiale, sur la nature de la force de gravitation entre 2 corps. Il faut savoir que cela fait plus de dix ans que Hooke a des idées très intéressantes sur la nature de la gravitation, des idées qui ressemblent beaucoup aux conceptions que l’on a actuellement. Cependant, Hooke est un très bon expérimentateur et interprétateur physique mais un mauvais mathématicien, et il a besoin de l’aide de Newton lorsqu’il lui écrit en 1679. Mais si Newton lui répond courtoisement, il se lasse rapidement, peut-être vexé car Hooke semble avoir une vision plus claire que lui sur ce problème. Finalement, Newton ne répond plus en 1680.

En 1684, lorsque Halley lui demande ce que ses travaux sur la gravitation doivent à Hooke, Newton envoie plusieurs lettres expliquant que Hooke n’a aucun crédit à réclamer. Il commence sa première lettre par le passage suivant  :

«   Je vous remercie [mr. Halley] de ce que vous écrivez sur Mr Hooke, car j’aimerais qu’il n’y ait aucun malentendu entre nous  : dans les papiers que vous mentionnez, il n’y aucune proposition qu’il peut prétendre être sienne, et je n’avais donc aucune raison de le mentionner.  » 

Pour terminer voici quelques extraits de sa dernière lettre, encore plus sévère, et qui ne laisse aucun doute sur l’animosité de Newton envers Hooke, qui aura eu malgré tout un apport certain dans la théorie de la gravitation  :

«  Pour résumer, tout cela montre bien que j’ai compris avant Mr Hooke ce sur quoi il prétend être mon maître et je n’ai ainsi rien appris de ses lettres, (…) En ce qui concerne tout le reste, je me plaindrais plutôt de ses corrections et de ses remarques. (…) je ne lui suis redevable d’aucune avancée dans la compréhension du problème, mais seulement de m’avoir détourné de mes autres sujets d ‘étude pour réfléchir à ces sujets-là et du ton péremptoire qu’il emploie dans ses écrits comme s’il avait lui même trouvé les trajectoires en ellipse, me conduisant à vérifier ces hypothèses après avoir trouvé par quelles méthodes cela devait être fait.  »